Une fois encore je m’éveille.
Mes sens suivent rapidement et se découvrent, à nouveau exacerbés par ce monde que je retrouve.
Je suis déjà venu et j’y reviens encore et encore. En ce nouveau monde qui n’en est pas un, je suis et je serais, il est en moi et je suis en lui.
Ici tout est possible, et rien ne l’est, les règles se font et se défont.
Une belle promenade se prépare.
Je suis heureux d’être là et je me le rend bien. Les couleurs se font plus chaudes et chatoyantes. Je souris, je le sens bien, même si mes lèvres restent inertes.
Je m’envole un instant pour découvrir plus largement ce monde, mon monde.
Mais le ciel noircit bientôt, l’ambiance se glace, les couleurs se fanent. Mon monde n’est plus.
Le rêve s’en va.
Un cauchemar se prépare.
Je suis déjà venu et j’y reviens encore et encore. En ce nouveau monde qui n’en est pas un, je suis et je serais, il est en moi et je suis en lui, mais cette fois ci je serais et il ne sera plus.
Mon vieil ennemi me retrouve. Il est tel qu’il m’avais laissé, puissant, immense, effrayant. Sa haute stature me jauge, moi, le maître en ces lieux qui n’appartiennent qu’à moi, moi, qui devrait être le maître et qui ne l’est plus.
La peur m’envahit et il semble d’un coup plus fort, plus grand, plus effrayant.
Une épée apparaît entre ses mains. Je la sais tranchante. Je la sais lourde. Je la sais puissante. Elle m’a déjà transpercé maintes et maintes fois et j’en ressent encore la morsure profonde.
Un nouveau sentiment m’envahit. La haine. Je le hait. Je le hait, lui, qui ose venir troubler mes rêves.
Ma haine fait reculer la peur. Ma haine combat ma propre peur. Le combat fait rage en moi. Une épée apparaît entre mes mains. Comme toujours, mon épée est là. La peur est toujours là. Le combat fait toujours rage en moi.
Il me regarde. Son regard est vide de toute haine. Ma peur reprend le pouvoir. Son épée se dresse et frappe. Ma haine n’est plus. Ma peur non plus. Je pare instinctivement. Les deux épées se heurtent violemment.
Je recule, il ne semble rien ressentir, combattre est sa vie, me tuer est son but.
Attaquer. J’attaque, mon épée se dresse et frappe, les deux épées se heurtent à nouveau. Une fois. Deux fois. Dix fois.
Ma peur revient, incommensurable, je recule.
Mon corps me lâche, la peur me mine , la terreur s’installe. Je suis perdu. Je le sens. Je le sais. Encore une fois, j’ai perdu.
Sa lame me transperce, de part en part. La douleur s’installe, la peur n’est plus, la haine non plus.
Je m’écroule et je m’éveille. Une fois encore je m’éveille. J’ai de nouveau perdu, mais je reviendrai, je reviendrai toujours car ce monde est le mien et j’en suis le maître.
Je reviendrai.